Mont Mayon, l’homme face à un géant
D’origine volcanique, les îles des Philippines font partie de la ceinture de feu du Pacifique et comptent de nombreux volcans mais le Mont Mayon, situé dans la province d’Albay, est le plus actif.
Quand les enfants dessinent un volcan, ils se contentent de reproduire quelque chose de conique or les volcans sont loin d’avoir cette apparence, excepté le Mont Mayon qui lui est connu pour avoir la forme la plus proche au monde de celle du cône parfait.Depuis la nuit des temps, le volcan Mayon est rattaché à une légende.
Sur ces terres vivaient Darang Magayon (“magayon” signifiant magnifique en tagalog), une sublime jeune fille convoitée par de nombreux hommes de différentes tribus. L’un d’entre eux, Pagtuga, grand guerrier chef de la tribu d’Iriga, insista pour lui demander sa main, mais la jeune fille n’était absolument pas intéressée.
Un jour, alors qu’elle marchait paisiblement le long d’une rivière, elle trébucha sur un rocher. Ne sachant pas nager, elle réussit à échapper à la noyade gràce à un garçon nommé Panganoron qui vint à son secours.
Par la suite, le jeune homme courtisa la belle qui finit par tomber sous son charme.
Son pére, Rajah ne fit aucune objection à cette union.
La légende raconte que lorsque Pagtuga apprit la nouvelle, il entra dans une colère noire et enleva le père de Darang pour l’emmener dans les montagnes. Comme il menaçait de l’exécuter si la jeune fille ne l’épousait pas, elle se résigna de peur qu’il mette sa menace à exécution.
Lorsque Panganoron l’apprit, ses guerriers et lui se précipitèrent dans les montagnes pour délivrer la belle. Une sanglante bataille eut lieu entre les deux tribus.
Panganoron vainquît son adversaire Pagtuga mais, par la suite, il succomba a ses blessures. La bien-aimée courut vers son fiancé agonisant lorsqu’un archer du camp ennemi la transperça d’une flèche.
Les deux amoureux moururent dans les bras l’un de l’autre sur le champ de bataille.
Les jours passèrent et de leur sépulture naquit une montagne, le volcan Mayon. Son appellation est un diminutif de Magayon, le nom de famille de la belle défunte.
Certains continuent à dire que les éruptions du volcan seraient les pleurs des époux meurtris. Au contraire, d’autres racontent que l’esprit de Darang demeurerait dans le volcan et celui de Panganoron dans les nuages, ainsi, chaque année, il peut disperse la pluie pour enfanter les fleurs et les plantes fraiches afin de faire renaitre la beauté du volcan.La première éruption enregistrée, date de 1616, et depuis, bien d’autres aussi meurtrières que destructrices ont suivi. La vraie probl’matique se retrouve dans les alentours du volcan: ils sont très peuplés, les gens y travaillent et y vivent depuis des générations. L’épisode le plus traumatisant pour la région eut lieu le 1er Février 1814. La lave ensevelit la ville de Cagsawa au point de laisser seul le clocher de l’église. 12 000 personnes périrent.
Depuis, la verdure a réapparu parmi les roches volcaniques et l’église reconstruite dans les hauteurs de la ville de Daraga. Depuis celles-ci, on peut observer le volcan et ses alentours. En 2014, à l’occasion du bicentenaire de la tragédie, une plaque fut posée devant le clocher de l’église afin d’informer les visiteurs de l’histoire de ce lieu de recueillement devenu un emblème culturel.
L’activité volcanique est donc très surveillée par PHIVOLCS, l’institut philippin de volcanologie et de sismologie, qui dispose de nombreux centres d’observation autour du volcan. Régulièrement, l’institut publie des rapports et fixe le niveau d’alerte. En fonction de leurs analyses, les ordres d’évacuation sont décrétés.
Ces dernières années, les populations furent souvent contraintes de quitter leur lieu de vie et donc d’abandonner leurs animaux et leurs cultures. Les moyens de relogement des familles évacuées sont très limités mais les autorités locales ne peuvent pas se permettre de laisser ces habitants en danger de mort. Ainsi l’armée fut réquisitionnée pour veiller à ce que les citoyens ne regagnent par leur domicile.
Actuellement, l’alerte est de niveau 2. Les Philippins ne sont pas contraints à l’évacuation, mais il est déconseillé de pénétrer dans une zone de six kilomêtres autour du volcan. Par ailleurs, c’est une obligation pour les habitants de rester s’ils souhaitent vivre décemment et jouir de leur unique source de revenus (récolte, pêche, etc…).
Les coulées de lave ont creusé de dangereuses rivières car les éboulements y sont fréquents. Malgré ça, les hommes sont contraints de s’y rendre souvent afin de se procurer de la terre et des pierres pour construire ou reconstruire leur habitation. Au bout d’un chemin difficile dans une jungle éloignée des villes, il est possible d’atteindre Magapo, un village situé au pied du volcan.
C’est ici que Amalia Ansing, mère de quatre enfants, se confie. Elle évoque les difficultés d’habiter si près du cratère, à commencer par les nuées de cendres qui les forcent parfois à se couvrir les voies respiratoires et entraînent également la mort des plantations de patates douces qui leur permettent de se nourrir en temps normal. Ils ont connu de légers tremblements de terre mais la plus grosse difficulté reste celle de l’accès à l’eau. Comme ils vivent dans les hauteurs, l’eau du puits s’est évaporée depuis quelques années, ils doivent donc consommer l’eau récupérée à chaque averse.
Malgré cela, Amalia reste inquiète à l’idée de connaître une nouvelle fois une évacuation forcée.
D’octobre à décembre 2014, ils furent déplacés dans une école où ils vécurent à 17 familles (soit environ 90 personnes) à l’intérieur d’une salle de classe. Le plus traumatisant : la promiscuité et le manque d’hygiène à cause des difficultés d’accès aux toilettes et à l’eau. A l’occasion des fêtes de Noël, le maire leur a rendu visite afin de distribuer de la nourriture et offrir des jouets aux enfants. Quand ils regagnèrent enfin leur lieu de vie, au bout de trois mois, leurs volailles et leurs animaux domestiques avaient succombé en l’absence de leur maître.Il est facile d’énumérer tous ces soucis mais plus difficile de trouver des solutions.
De jours en jours, les populations ressentent le fardeau d’une vie en transit, pleine d’instabilité et dictée par ce géant de la nature.
Il est possible que, dans quelques siècles, cette belle région et ses habitants aient disparu sous une ultime colère du volcan.
Quand les enfants dessinent un volcan, ils se contentent de reproduire quelque chose de conique or les volcans sont loin d’avoir cette apparence, excepté le Mont Mayon qui lui est connu pour avoir la forme la plus proche au monde de celle du cône parfait.Depuis la nuit des temps, le volcan Mayon est rattaché à une légende.
Sur ces terres vivaient Darang Magayon (“magayon” signifiant magnifique en tagalog), une sublime jeune fille convoitée par de nombreux hommes de différentes tribus. L’un d’entre eux, Pagtuga, grand guerrier chef de la tribu d’Iriga, insista pour lui demander sa main, mais la jeune fille n’était absolument pas intéressée.
Un jour, alors qu’elle marchait paisiblement le long d’une rivière, elle trébucha sur un rocher. Ne sachant pas nager, elle réussit à échapper à la noyade gràce à un garçon nommé Panganoron qui vint à son secours.
Par la suite, le jeune homme courtisa la belle qui finit par tomber sous son charme.
Son pére, Rajah ne fit aucune objection à cette union.
La légende raconte que lorsque Pagtuga apprit la nouvelle, il entra dans une colère noire et enleva le père de Darang pour l’emmener dans les montagnes. Comme il menaçait de l’exécuter si la jeune fille ne l’épousait pas, elle se résigna de peur qu’il mette sa menace à exécution.
Lorsque Panganoron l’apprit, ses guerriers et lui se précipitèrent dans les montagnes pour délivrer la belle. Une sanglante bataille eut lieu entre les deux tribus.
Panganoron vainquît son adversaire Pagtuga mais, par la suite, il succomba a ses blessures. La bien-aimée courut vers son fiancé agonisant lorsqu’un archer du camp ennemi la transperça d’une flèche.
Les deux amoureux moururent dans les bras l’un de l’autre sur le champ de bataille.
Les jours passèrent et de leur sépulture naquit une montagne, le volcan Mayon. Son appellation est un diminutif de Magayon, le nom de famille de la belle défunte.
Certains continuent à dire que les éruptions du volcan seraient les pleurs des époux meurtris. Au contraire, d’autres racontent que l’esprit de Darang demeurerait dans le volcan et celui de Panganoron dans les nuages, ainsi, chaque année, il peut disperse la pluie pour enfanter les fleurs et les plantes fraiches afin de faire renaitre la beauté du volcan.La première éruption enregistrée, date de 1616, et depuis, bien d’autres aussi meurtrières que destructrices ont suivi. La vraie probl’matique se retrouve dans les alentours du volcan: ils sont très peuplés, les gens y travaillent et y vivent depuis des générations. L’épisode le plus traumatisant pour la région eut lieu le 1er Février 1814. La lave ensevelit la ville de Cagsawa au point de laisser seul le clocher de l’église. 12 000 personnes périrent.
Depuis, la verdure a réapparu parmi les roches volcaniques et l’église reconstruite dans les hauteurs de la ville de Daraga. Depuis celles-ci, on peut observer le volcan et ses alentours. En 2014, à l’occasion du bicentenaire de la tragédie, une plaque fut posée devant le clocher de l’église afin d’informer les visiteurs de l’histoire de ce lieu de recueillement devenu un emblème culturel.
L’activité volcanique est donc très surveillée par PHIVOLCS, l’institut philippin de volcanologie et de sismologie, qui dispose de nombreux centres d’observation autour du volcan. Régulièrement, l’institut publie des rapports et fixe le niveau d’alerte. En fonction de leurs analyses, les ordres d’évacuation sont décrétés.
Ces dernières années, les populations furent souvent contraintes de quitter leur lieu de vie et donc d’abandonner leurs animaux et leurs cultures. Les moyens de relogement des familles évacuées sont très limités mais les autorités locales ne peuvent pas se permettre de laisser ces habitants en danger de mort. Ainsi l’armée fut réquisitionnée pour veiller à ce que les citoyens ne regagnent par leur domicile.
Actuellement, l’alerte est de niveau 2. Les Philippins ne sont pas contraints à l’évacuation, mais il est déconseillé de pénétrer dans une zone de six kilomêtres autour du volcan. Par ailleurs, c’est une obligation pour les habitants de rester s’ils souhaitent vivre décemment et jouir de leur unique source de revenus (récolte, pêche, etc…).
Les coulées de lave ont creusé de dangereuses rivières car les éboulements y sont fréquents. Malgré ça, les hommes sont contraints de s’y rendre souvent afin de se procurer de la terre et des pierres pour construire ou reconstruire leur habitation. Au bout d’un chemin difficile dans une jungle éloignée des villes, il est possible d’atteindre Magapo, un village situé au pied du volcan.
C’est ici que Amalia Ansing, mère de quatre enfants, se confie. Elle évoque les difficultés d’habiter si près du cratère, à commencer par les nuées de cendres qui les forcent parfois à se couvrir les voies respiratoires et entraînent également la mort des plantations de patates douces qui leur permettent de se nourrir en temps normal. Ils ont connu de légers tremblements de terre mais la plus grosse difficulté reste celle de l’accès à l’eau. Comme ils vivent dans les hauteurs, l’eau du puits s’est évaporée depuis quelques années, ils doivent donc consommer l’eau récupérée à chaque averse.
Malgré cela, Amalia reste inquiète à l’idée de connaître une nouvelle fois une évacuation forcée.
D’octobre à décembre 2014, ils furent déplacés dans une école où ils vécurent à 17 familles (soit environ 90 personnes) à l’intérieur d’une salle de classe. Le plus traumatisant : la promiscuité et le manque d’hygiène à cause des difficultés d’accès aux toilettes et à l’eau. A l’occasion des fêtes de Noël, le maire leur a rendu visite afin de distribuer de la nourriture et offrir des jouets aux enfants. Quand ils regagnèrent enfin leur lieu de vie, au bout de trois mois, leurs volailles et leurs animaux domestiques avaient succombé en l’absence de leur maître.Il est facile d’énumérer tous ces soucis mais plus difficile de trouver des solutions.
De jours en jours, les populations ressentent le fardeau d’une vie en transit, pleine d’instabilité et dictée par ce géant de la nature.
Il est possible que, dans quelques siècles, cette belle région et ses habitants aient disparu sous une ultime colère du volcan.
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