« Tony Been, mon homme politique britannique préféré, a dit un jour qu’il fallait poser une série de questions à ceux qui détiennent le pouvoir.
Quel est votre pouvoir ? Comment l’avez-vous obtenu ? Pour quels intérets l’exercez- vous ? A qui rendez-vous des comptes ?
Nous nous battons pour poser ces questions à ceux qui gouvernent et permettre au public d’en être informé. »
Ainsi parlait le britannique Tom Grundy, rédacteur en chef et fondateur du médias web anglophone Hong Kong Free Press, lors d’une conférence Tedx le 6 Juin 2018.C’est en 2015, au lendemain du « Mouvement des parapluies » à Hong Kong, que Tom, à l’époque professeur d’anglais et blogueur, constate le recul de la liberté de la presse au sein de l’ancienne colonie britannique. En effet, la main mise de Pékin est grandissante sur les médias locaux. Les attaques de journalistes augmentent, les annonceurs se retirent des médias critiques à l’égard du gouvernement et des conglomérats chinois font l’acquisition de titres de presse très implantés sur le territoire. Il décide alors de créer Hong Kong Free Press, un médias libre dirigé par ses journalistes et financé par ses lecteurs. Le premier médias de Hong Kong reposant sur le financement participatif. « Notre objectif est d’être la source d’information anglophone la plus indépendante et la plus crédible de la grande Chine. Notre plateforme agira en tant que lanceur d’alerte si les valeurs fondamentales et les libertés de Hong Kong venaient à être menacées. ».
Il faut croire qu’il y avait de l’attente du coté de la population hongkongaise car le crowdfunding qu’ils lancèrent pour leur projet, en demandant 150 000 dollars hongkongais (soit environ 17 000 euros), récolta plus de 600 000 dollars hongkongais (soit environ 69 000 euros). Ce fut le plus grand et le plus rapide crowdfunding de médias au monde.
Ainsi Hong Kong Free Press veut rendre compte des faits « sans crainte, favoritisme ni ingérence » en proposant des actualités, des reportage originaux, des interviews ainsi qu’une plateforme pour des tribunes d’experts, de citoyens, d’ONG et de groupes de défense des Droits de l’Homme.
C’est au sein d’un espace de coworking que travaille cette équipe studieuse de quatre personnes. Au bout de la table, on trouve un décompte jusqu’en 2047, date à laquelle Hong Kong sera completement rétrocédé à la République Populaire de Chine. Ils disposent également de matériel vidéo plutôt rudimentaire. Leur méthode de couverture privilégié pour l’actualité est le Live Facebook. « La vérité a été cassé par la police, par le gouvernement et par la propagande. Nous revenons aux fondamentaux du journalisme, la vidéo et les faits, sans filtre ni montage. » explique Tom Grundy. Tom peut également compter sur Kris Cheng pour superviser le médias. Cet hongkongais trentenaire est celui qui dispose de la plus grande expérience au sein de l’équipe. Il est présent au sein de l’aventure depuis le début et il était auparavant correspondant pour de nombreux titres de presse internationale comme The Washington Post. Il s’est lancé au coté de Tom car il avait déjà l’habitude de traiter l’actualité en anglais et qu’il voulait pouvoir le faire pour les Hongkongais. Jennifer Creery, âgée de 24 ans, travaille également à leur coté depuis plus d’un an et demi. Elle est née à Hong Kong mais a grandit au Royaume-Uni. Alors qu’elle suivait des études de Chinois à Taiwan, elle les rejoignit par intéret pour les questions
politiques de Hong Kong et par conviction pour la liberté de la presse. Holmes Chan, hongkongais de 25 ans, est le dernier arrivé au sein de l’équipe. Auparavant, il suivait des études de Droit. « Après l’université, j’avais le choix entre devenir avocat ou bien contribuer à rendre Hong Kong meilleur en faisant du journalisme. J’ai choisi Hong Kong Free Press car c’est une petite structure qui est neuve dans le paysage médiatique, ce qui nous laisse la liberté d’innover. ».
Ce médias indépendant tient un place très importante dans les évènements politiques qui secouent actuellement l’ancienne colonie britannique. Holmes nous l’explique ainsi : « C’est un grand mouvement où il se passe beaucoup de choses. La situation est parfois chaotique et la police abuse de la violence. Les Hongkongais ont besoin d’avoir la meilleure compréhension possible de ce qui se déroule. C’est cela notre mission. ». Tom précise à son tour qu’ils ne sont « ni du coté du camp Pro-Pékin, ni du coté du camp Pro-Démocratie, juste le plus véridique possible. C’est en étant bien informé que les citoyens ont le pouvoir de changer les choses. »
De puis le début du mouvement, Hong Kong Free Press totalise près de cinq millions de vues par mois sur leur site.