MARTIN BERTRAND

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Fragments

 ASIEMEKONGLAOSENVIRONNEMENT

Au Laos, le Mékong s’élargit en recevant l’eau de nombreux affluents. Il s’écoule du nord au sud du pays et rythme la vie des habitants depuis des siècles.
4000 îles, ainsi est appelé ce territoire situé à l’extrême sud du pays où le fleuve mesure jusqu’à 14 kilomètres et où la terre se fragmente en un vaste archipel. On y navigue d’île en île et l’omniprésence de l’eau permet aux rizières de profiter d’une irrigation régulière.
Dans ce paysage féérique parsemé d’impressionnantes chutes d’eau, les revenus de la pêche sont vitaux pour une partie des habitants. Ces cascades sont un lieu propice pour la capture des nombreuses espèces aquatiques qui migrent depuis et vers le Tonle Sap. On y retrouve notamment le poisson-chat géant du Mékong, qui peut mesurer jusqu’à trois mètres et peser jusqu’à trois cents kilogrammes ; cette espèce en voie de disparition est le plus gros poisson d’eau douce du monde. Les pêcheurs n’hésitent pas à braver les dangers des rapides en y construisant des ponts de singe éphémères en bambou. Tels des équilibristes, ils jettent leur filets dans ces cascades, en particulier dans les immenses chutes de Khone surnommées le « Niagara du Mekong ». Au sein de ce territoire bucolique, un monstre est en construction et va grandement impacter l’équilibre d’une grande partie de le péninsule indochinoise. En effet, en janvier 2016, le chantier de l’immense barrage de Don Sahong a débuté malgré l’absence de consensus au sein de la Mekong River Commission (réunissant des experts du Vietnam, Laos, Cambodge et Thaïlande) et les alertes des scientifiques, de la société civile et des pays en aval. Bien caché entre deux îles de l’archipel dont on a bloqué l’accès aux personnes étrangères au chantier, ce barrage devrait avoir des conséquences irréversibles. 
Il retiendra des sédiments essentiels à l’irrigation des nombreuses cultures de riz de la région. La diminution des sédiments va également accélérer l’érosion des sols, notamment dans le Delta du Mékong. De plus, le barrage bloquera une partie de la route migratoire des espèces aquatiques, réduisant considérablement les rendements la pêche au Vietnam et au Cambodge dont dépend la survie de la population.
En plus de mettre en péril la sécurité alimentaire de la région, cet édifice aura également des conséquences sur les écosystèmes uniques du bassin du Mékong. Les premiers à le subir sont les dauphins d’Irrawaddy dont une petite population vit au sud des 4000 îles. Selon certains scientifiques, cette espèce de dauphin d’eau douce en voie de disparition souffrirait déjà du bruit et des secousses causés par les travaux.Le barrage de Don Sahong n’est pas le seul à inquiéter le sous-continent. En plus de la Chine qui n’hésite plus à exploiter le potentiel hydroélectrique du fleuve avec de nombreux barrages sur son territoire, le Laos a pour ambition de devenir « la batterie de l’Asie du Sud-Est » selon un slogan officiel du régime communiste. Ce barrage n’est pas le premier, mais il aura des conséquences plus lourdes que les précédents, et le « royaume aux millions d’éléphants » ne compte pas en rester là. Le développement de Vientiane comme du reste du pays accroit la demande en électricité. Mais ce n’est pas tout, les métropoles telles que Bangkok, Ho-Chi-Minh Ville ou Phnom Penh dont le développement n’a aucunes limites sont également de très bons clients.
Le Laos étant le pays le plus pauvre du bassin du Mékong, il voit dans l’hydroélectricité une manne grâce à laquelle il pourra s’élever au rang de ses voisins.

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