Le projet « Paranoïa » est né de plusieurs observations de terrain. La peur était omniprésente dans les échanges que j’ai pu avoir avec les jeunes militants du mouvement pro-démocratie de Hong Kong. Une peur frôlant parfois la paranoïa dans laquelle il semble difficile de dénouer le vrai du faux. La peur de la surveillance constante du gouvernement pro-Pékin ainsi que des arrestations et des condamnations à répétition qui ont lieu depuis le début des manifestations, les poussant ainsi à s’employer à une grande prudence et à se cacher.
Il y a également des histoires qui circulent parlant de jeunes militants ayant été retrouvés morts dans le métro ou dans la baie après avoir été enlevé par la police. Là encore difficile de dénouer le vrai du faux. La majorité des manifestants y croient viscéralement, si bien qu’ils déposent régulièrement des fleurs auprès de certaines stations de métro. D’autres individus, plus éloignés du mouvement, qualifie cela de « complotisme » ou de « légendes urbaines ». Tandis que les journalistes locaux cherchent des preuves concrètes.
Parmi les choses participant à ce climat de peur, il y a 2047, date à laquelle Hong Kong sera complètement rétrocédée à la République Populaire de Chine et sera donc une ville chinoise comme les autres. Dans l’imaginaire collectif, cette date s’apparente à un décompte apocalyptique signifiant la fin concrète de leurs droits et libertés.
Ainsi ce projet documentaire mêlant portraits photographiques et interviews vise à donner la parole aux militants hongkongais sur ces questions tout en leur permettant de se présenter sous un pseudonyme et de cacher leur identité représentant à nouveau la peur qu’ils ressentent.