MARTIN BERTRAND

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SUNDARBANS

Au cœur de la plus grande forêt de mangroves du monde, l’eau douce se mêle à l’eau salée et chaque branche semble abriter un secret. Rubayat, la cinquantaine calme, est assis sur le pont de son bateau, les yeux posés sur l’horizon incertain des Sundarbans, cette “forêt magnifique” du Bangladesh. Il guette le passage d’un tigre, sans impatience, comme on attend un vieil ami.

Rubayat connaît la jungle comme d’autres connaissent les rues de leur enfance. Ancien guide devenu figure incontournable du tourisme local, il a choisi de rester, même quand le monde entier s’est arrêté. Pendant un an et demi, au plus fort de la pandémie, il a vécu ici avec sa femme, Elisabeth, et leurs enfants. Tandis que les villes se muraient, la famille s’ouvrait à la nature.

Elisabeth, biologiste marine engagée, a profité de cette parenthèse pour enseigner à ses enfants avec l’aide d’enseignantes à distance. Elle a aussi documenté la vie foisonnante de cette forêt unique, refuge fragile de milliers d’espèces. Pendant ce temps, Rubayat, lui, transformait son embarcation en véritable “bateau-hôtel” : un cocon flottant, animé par les plats d’un cuisinier généreux et l’envie de transmettre. Ici, on vient pour écouter les histoires du tigre du Bengale, mais on repart avec bien plus.

Car les Sundarbans, c’est une école à ciel ouvert. Ses eaux troubles abritent pas moins de 174 espèces de poissons connues, et la mangrove, changeante, offre chaque saison un nouveau visage. Quand la pluie tombe, c’est un monde de microcosmes qui se dévoile aux plus attentifs. Quand la chaleur s’installe, le spectacle devient plus cru : un tigre qui bondit, une biche surprise. Au printemps, ce sont les pêcheurs qui, hésitants, s’aventurent entre les racines noueuses à la recherche de denrées rares.

Ici, dans ce bout du monde où l’homme et la nature cohabitent avec prudence, le silence parle fort. Et Rubayat, du haut de son bateau, continue d’attendre. Non pas parce que le tigre viendra forcément, mais parce qu’il sait qu’au milieu des Sundarbans, l’attente fait partie du voyage.

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