Sauver les tortues blessées en Mer Égée
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Comme bien souvent, le climat méditerranéen est ensoleillé à Glyfada, périphérie calme de la capitale grecque, Athènes. Le léger vent frais et iodé de la Mer Égée vient adoucir les rayons du soleil. C’est là que nous accueille Eirini au centre de sauvetage des tortues de mer de l’association Archelon. Cette biologiste spécialisée en santé animale supervise depuis 2016 les sauvetages et la réhabilitation des tortues tout en gérant l’équipe de volontaires qui appuie la douzaine de salariés du centre. Depuis maintenant plus de 20 ans, le centre recueille chaque année environ 70 tortues. Même s’il arrive quelques fois que certaines souffrent de problèmes respiratoires ou d’hypothermie, les blessures naturelles sont extrêmement rares comme nous l’explique Eirini : « la majorité des tortues ont été blessées volontairement par des pêcheurs avec le présupposé qu’elles les concurrenceraient en mangeant les poissons qu’ils cherchent à capturer. Il s’agit notamment de blessures à la tête et parfois aux nageoires infligées principalement par des coups de rames depuis les bateaux. D’autres se bloquent dans des filets de pêche, avalent des hameçons ou biens ingèrent une quantité importante de micro-plastique ».
À l’entrée du centre se trouve une étagère d’une cinquantaine de bocaux accompagnés d’une étiquette avec un nom et une année contenant les divers objets, principalement des hameçons et des lignes de pêche, retrouvés dans les œsophages des tortues. « Avec les vétérinaires, on est forcé de les retirer par opération ou bien avec un laxatif puissant », détaille Eirini. Le centre est composé de deux grandes serres dans lesquelles il fait très chaud. C’est là que sont accueillies les tortues les plus vulnérables. Tout au long de la journée, les animaux sont cajolés. Les volontaires, les nettoient, désinfectent leurs blessures et changent les bandages sur les nageoires abîmées. L’eau des bassins est régulièrement renouvelée et la température est minutieusement contrôlée. Chaque tortue a un régime spécial en fonction de son état de santé : poisson frais, calamars, ou encore crevettes. « Dans la nature, les tortues se nourrissent uniquement de crustacés, jamais de poisson, contrairement à ce que pensent les pêcheurs » rappelle Eirini.
Les vétérinaires veillent aussi de près sur les tortues. Ils passent effectuer des relevés ou encore installer une perfusion. Parfois, ils emmènent une tortue dans le bloc opératoire pour des interventions plus complexe. Les tortues doivent parfois être amputés d’une ou plusieurs nageoires. « Malgré cela, elles peuvent souvent retourner dans la nature, ce sont des animaux puissants. » nous dit la biologiste. Des poids sont souvent fixés sur les carapaces des tortues. Les blessures à la tête causant des troubles neurologiques, l’installation de plaques de métal lestées leur aident à retrouver l’équilibre et à nager de nouveau.
Léa, une toute petite tortue Caouanne de 3 ans, a été trouvée sur la côte à proximité du centre par Alex, volontaire franco-canadien, qui a plongé pour aller la sauver. Elle présente des blessures sérieuses au cou et à la nageoire dues à un emmêlement dans un filet de pêche. « De plus, après avoir effectué une radiographie, nous nous sommes aperçus qu’elle a également ingéré un hameçon de pêche. » explique Alex. Eirini détaille son traitement ; « piqûres d’antibiotiques, de vitamines ainsi que le nettoyage des plaies. Malheureusement, sa nageoire est gravement endommagée, elle va devoir être amputée mais avant cela nous devons lui enlever l’hameçon qui est dans son estomac quand elle aura repris des forces. En attendant, elle a une perfusion de fluides car elle ne se nourrit pas. On ne peut pas savoir le temps dont elle va avoir besoin pour se rétablir, sûrement 4 ou 5 mois. Nous ne sommes pas sûrs qu’elle s’en sortira. »
Une fois leur santé stabilisée, les tortues sont transférées dans de grandes cuves profondes afin d’observer comment elles se comportent dans un environnement semblable à la nature avant de les remettre à l’état sauvage. Il y a là Sofia qu’ils racontent avoir déjà sauvée une première fois en 2017 alors blessée par des filets de pêche. Ils l’ont libéré en lui posant une petite plaque d’identité qui leur a permis de la reconnaître quand, quelques années plus tard, elle a été à nouveau retrouvée blessée. « On a dû lui amputer une nageoire car elle avait été frappée violemment sur le côté du corps. Nous avons tout essayé pour la remettre à l’état naturel et fait plusieurs tentatives en mer, mais ça n’a pas fonctionné. Elle sera donc transférée dans un aquarium. »
Le centre de Glyfada appartient à un grand réseau développé par Archelon qui vient en aide aux tortues blessées et les protège pendant la saison de ponte sur les côtes et les îles de la Grèce.
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